Je suis rentrée en France il y a quelques jours, et je peux enfin prendre le temps d'écrire un dernier post sur le Japon, après avoir couru pour trouver un appartement près de Paris. C'est aussi pour moi l'occasion de faire le point sur toutes les choses spécifiquement japonaises auxquelles je m'étais habituée et qui ne sont plus là.
Commençons par ces petites choses qui me manqueront très certainement. Si je laisse parler mon estomac en premier, je dirais qu'il regrette déjà la gastronomie japonaise. Les jours précédents mon départ, j'étais dans une phase boulimique sushi, yakitori, tempura... J'espère tout de même être capable de refaire quelques petites recettes. Dans le domaine culinaire, les plats de présentation en plastiques dans les vitrines des restaurants me manqueront aussi un peu. Malgré leur côté un peu kitch, il faut avouer qu'ils sont assez fidèles à la réalité et qu'ils mettent en appétit. Ce sont aussi les petites supérettes (conbini) ouvertes 24h/24 et 7j/7 qui seront rares en France. On prend très vite l'habitude de ne pas avoir à bloquer une plage horaire pour faire ses courses, et le fait que ses petites boutiques soient éparpillées un peu partout dans la ville permet d'éviter l'utilisation des transports pour remplir son frigo. Je pense que cette vie animée, où les commerces sont ouverts tout le temps et où les supermarchés présentent des rayons garnis, propres et appétissants me manquera. Un autre petit plus de Tokyo sur Paris est la présence de nombreux café à l'américaine : Starbucks, Excelsior, Doutor,... se font concurrences dans tous les quartiers. Je regrette déjà le (chocolat truffé) du Starbucks japonais.
C'est également toute la propreté japonaise que je n'ai pas retrouvé en atterrissant en France : les masques (cela peut paraître un peu bizarre au début mais en y réfléchissant bien, je me sens plus à l'aise à côté d'un malade qui porte un masque, et ce n'est vraiment pas contraignant à porter), les gels anti-bactériens présents partout (à l'entrée de tous les bureaux, commerces, administrations, ...). Mais ce sont aussi les métros et les quais impeccables. Eh oui ! C'est possible ! Les japonais ont beau être beaucoup plus nombreux que nous, ils sont capables de garder propre des lieux communs très fréquentés : pas de détritus, de papiers, de mégots, de tags, ... Ils disposent certes d'équipes de nettoyage importantes mais il faut y ajouter le côté respectueux des japonais. Pouquoi jeter mon papier par terre alors qu'il y a une poubelle à 2 mètres ? La plupart des japonais ont d'ailleurs souvent un petit sac plastique dans leurs affaires où ils regroupent tous leurs petits déchets de la journée, de façon à pouvoir les jeter le soir en rentrant chez eux tout en effectuant le tri sélectif (bien plus contraignant que le notre). Et quand je dis que les lieux publics sont toujours nickel il en est donc de même pour les toilettes publics (même dans les gares). C'est donc cet aspect de propreté générale de la ville et le comportement respectueux de la plupart (j'admets que ce n'est pas le cas de tous, ils ont aussi leur lot de mal élevé) des japonais qui me manquera.
Parmi les autres petites choses qui me manqueront, il y a aussi le geste de retirer ses chaussures avant de rentrer chez soi, au bureau, dans certains musées... Au début je trouvais un peu étrange de travailler et discuter avec des professeurs en chaussons, mais finalement, on s'y habitue vite, et c'est tellement plus confortable... Autre chose que j'ai particulièrement appréciée : la sensation de sécurité que l'on a dans la ville. Il y a en effet très peu de délits au Japon : vols, agressions, cambriolages, ne remplissent pas la journée des policiers. Pour s'en rendre compte il suffit de regarder le panneau d'affichage du (konban) (poste de police) de quartier. Il indique le nombre d'infractions de chaque catégories dans le mois et dans l'année : 0 pour tous les délits graves et 45 pour les infractions sur la route. Sur Tokyo et ses environs on trouve de très nombreux policiers, et ils remplissent de nombreuses tâches autres que réprimander : aider, indiquer le chemin, ramasser des papiers, faire la circulation, restituer des objets perdus (et les japonais ramènent quasi systématiquement un objet qui ne leur appartient pas : parapluie, téléphone portable, portefeuille, ordinateur...). Je n'ai pas eu beaucoup à faire avec la police, mais ils ont l'air d'être très proche des gens.
Enfin, je pense que la qualité du service donné, dans beaucoup de domaines est vraiment très appréciable. Pour cela, le nombre de personnes mobilisées est impressionnant. Par exemple, sur une route où il y a des travaux : chantier, rénovation de la façade d'un particulier, ... on trouve systématiquement une personne portant des vêtements visibles à l'extrémité de la zone en travaux. Elle aide à la circulation des voitures, des vélos et des piétons. En France on se limite aux cocottes pour la signalisation. Ce type de personnel se trouve aussi aux entrées et sorties de parking, devant un escalator en panne, près des écoles... Dans un autre style, j'ai apprécié au supermarché le système de caisses avec 2 employés : le premier passe les articles et les range dans le caddy (gros plus, il les range intelligemment : les briques de lait en bas, les fruits et légumes en haut), le deuxième fait payer. Je pense que ce sont toutes ces personnes qui grouillent dans la ville et qui font l'ambiance générale qui me manquent déjà.
Je trouve donc des quantités de choses qui m'ont fait adorer ma vie au Japon. Tous ces petits détails qui me manquent un peu parce qu'ils n'existent pas en France. Or, il y a aussi des choses que je ne vais pas regretter. Ce qui me vient en premier à l'esprit, ce sont les reniflements intempestifs des japonais enrhumés. Il est vrai que se moucher fait du bruit, et peut donc déranger quelques personnes mais le bruit des reniflements, certes moins fort, n'est à mon goût pas vraiment mieux. Je pense aussi à l'odeur de cup noodles en continue au laboratoire. Les japonais sont fans de ces nouilles instantanées et ils ont la particularité de manger à n'importe quelle heure. Il y a donc des odeurs de cuisine dans les rues et surtout au labo tout le temps, qui ne vont pas me manquer tellement elles mon écœurées.
De la vie japonaise, je ne regretterai pas non plus la climatisation. J'apprécie notre bon vieux chauffage ! L'usage des clims à outrance m'a fait respiré constamment un air sec, pas très bon pour la peau, qui m'a souvent fait éternuer. De plus, le problème des climatisations personnelles, est qu'il en faut pratiquement une par pièce et que dès qu'on les éteint, la température chute. Ces inconvénients, je les ai eu au quotidien dans mon appartement. Je ne disposais que d'une climatisation dans ma chambre. La cuisine, la salle de bain et les toilettes n'avaient pas le moindre dispositif de chauffage. De plus, il y avait une petite fenêtre toujours ouverte dans les toilettes. Résultat, la température de ces derniers était toujours égale à la température extérieure ; quant à la cuisine et la salle de bain on ne restait pas y traîner bien longtemps. J'ai d'ailleurs vu une fois ma colocataire faire la cuisine avec ses moufles ! Je pense qu'on peut comprendre pourquoi les clims japonaises ne me manqueront pas trop.
Enfin, la dernière chose que je ne vais pas regretter ce sont les corbeaux. En y réfléchissant, je pense préférer les pigeons parisiens aux corbeaux tokyoïtes. D'une part parce que les pigeons n'ont pas le regard aussi méchant que celui des corbeaux et qu'ils ne sont pas des charognards qui s'attaquent aux poubelles. D'autre part, parce qu'ils ne sont pas aussi fourbes que les corbeaux. Et oui, il ne fait pas bon attendre sous un fil électrique sur lequel se trouve un corbeau, car il essaye quasi-systématiquement de nous faire dessus. Quant bien même on se décale, il nous suit !
Il y a vraiment beaucoup de choses qui me viennent à l'esprit. Je ne sais pas si elles vont me manquer ou pas mais en tout cas elles m'ont marquées : les files d'attentes, les vêtements fashion des japonais, les tentatives de panneaux en anglais, les toilettes high tech, les rires des japonais, les soirées avec le professeur, les émissions tv japonaises,...
Bref, ce séjour au Japon aura été pour moi une expérience particulière, très enrichissante, que j'ai adorée, et en tout cas un voyage qui m'aura laissé plein de souvenirs.